"Je veux" est une sorte de collection de poème écrits en 1997/1998 et accessible sur le site internet de l'auteure qui s'intitule "Being Human" L’accès au texte est direct avec un menu où le lecteur peut choisir entre “Je veux”, “tendresse easy, easy”, “a kiss” et “more”. Dans les trois poèmes le lecteur est interpellé avec l’utilisation de “tu” ou bien “you”. La voix du narrateur ou de la narratrice se fait entendre par l’intermédiaire du “Je”, du “me” et de l’expression de son désir avec “je voudrais” etc.
Dans le poème “a kiss”, le lecteur revêt même le rôle d’avatar. on lui demande d’entrer son nom, car le programme, la narratrice n’embrasse que les personnes dont elle connaît le nom. Puis, le lecteur a le choix de vouloir embrasser la narratrice (le programme?). Il a plusieurs façons d’accepter dans quatre langues différentes: allemand, anglais, français et néerlandais. Si le lecteur répond oui, ja, yes, alors l’écran produit des flashs monochromes de couleurs orange, rose, rouge, tels les baisers faits par des lèvres maquillées. Après cela, le lecteur retourne au menu, et là il se trouve que le menu a changé. Au lieu de “kiss” on trouve “we could meet again?” En cliquant sur ce nouveau lien hypertexte, on trouve une page d’erreur. Est-ce intentionnel ou là encore cela témoigne de l’aspect éphémère de la littérature électronique, à car à cause d’un plugin manquant, ou autre module nécessaire, la littérature disparaît. Si le lecteur répond non en revanche, un autre scénario se met en action. Le narrateur demande également le nom du lecteur, et affiche combien de fois il a embrassé jusque là. Puis dès lors que le lecteur répond “non”, un message apparaît “Then, I will leave you”. Quelques secondes plus tard, la fenêtre se ferme d’elle même. Il y a donc un acte performatif qui est joué par la machine et qui amuse, surprend et interroge le lecteur. Ce la donne une impression de vie de la machine qui est en face de nous, comme si nous l’avions offensée. La question de la vie artificielle est donc posée ici car le programme répond à la saisie d’information du lecteur, le poème est donc en quelque sorte personnalisé.
Dans le poème “je veux”, un fond noir avec les mots “tu”, “me”, et “respectes” en blanc avec des flashs de couleur blanche. Les mots que l’on peut lire au tout début sont « je veux que tu me respectes », « you are loved », « you loved me ». A n’importe quel moment dans le poème, le lecteur s’aperçoit que certains mots sont soulignés. Si il décide de cliquer sur ces mots-là, ils se figent. Après avoir cliqué plusieurs fois, sur les différents mots, le lecteur peut enfin alors revenir au menu initial.
Dans le poème “tendresse”, des formes rectangulaires et carrées se forment à l’écran de couleurs différentes. Sept écrans se succèdent les uns après les autres de couleurs différentes avec des mots différents pour chaque écran. Ces mots sont en anglais, néerlandais, français et allemand. Certains mots et expressions peuvent être associés à des onomatopées tels « stststst » donnant un effet de poésie sonore. Les sept écrans sont associés à des jours de la semaine, qui défilent en haut à gauche de l’écran en français et en anglais. Ces jours de la semaine sont donc associés à des sentiments, des émotions, des couleurs et des sons différents.
Ces poèmes marient l’art visuel et plastique à l’art textuel et la poésie animée illustre bien ce mariage.
(Source: Johanna Montlouis-Gabriel)