Description (in original language)
« Locutions introuvables » est un programme littéraire inspiré par une méthode Oulipienne de Marcel Bénabou publiée dans La Biliothèque Oulipienne n. 25 en 1984. Ce programme fut présenté à l’exposition du Centre Pompidou « Les Immatériaux » en 1985, mais c’était Éric Joncquel qui l’a portée sur le site d’ALAMO (l’Atelier de Littérature Assistée par la Mathématique et les Ordinateurs). Le programme est inspiré par la notion du « langage cuit » de Robert Desnos aussi. Intitulé « Quinze locutions introuvables, mais qui doivent enrichir notre sagesse », ce programme prend cent quarante locutions et les coupe en deux parties et les recombine pour former les locutions originales. Donc, la « tête » et la « queue » des locutions sont mélangées pour créer des chimères lexicales. Le programme fonctionne en composant des locutions aléatoirement. C’est-à-dire, la création de ces « locutions introuvables » est une fonction de la combinaison des éléments différents qui offre l’occasion au lecteur d’interpréter le texte, ou plutôt le scripton, d’une manière personnelle. Par exemple, un de ces locutions créées par le programme est « tirer le diable par le bout du nez ». Cette locution ressemble étroitement à la locution réelle « tirer le diable par la queue ». Donc, la ressemblance peut rendre perplexe le lecteur ou le troubler, selon la réaction du lecteur en face d’une locution inconnue mais familière. Malgré tout, cette complicité du programme accorde au lecteur assez de liberté en interprétant la locution et en lui donnant un sens indépendant. La viabilité de la locution introuvable ne vient donc pas du sens lexical de ses éléments mais elle vient plutôt du sens que le lecteur créé. Puisque les locutions introuvables imitent la structure des vraies locutions, le lecteur peut employer cette complicité en les lisant. Ainsi, on peut dire que ce programme produit une esthétique de la complicité. Avec plus de cent quarante locutions coupées et recomposées, il y a un nombre exponentiel d’interprétations que le lecteur est capable de former en les générant. Comme cela, le programme réussit vraiment à enrichir la sagesse du lecteur en lui conférant des locutions originales.
(Source: Jonathan Baillehache)